Né en 1923 à Ciudad Bolívar, Venezuela, Jésus Rafael Soto est l’un des principaux représentants de l’art cinétique, art du mouvement.
Dès 1947, Soto s’intéresse à l’art géométrique et construit, concept venu d’Europe et dont il a écho.
Directeur de l’école des Beaux arts de Maracaibo, intrigué par les œuvres de Malevitch et de Mondrian, il reçoit une bourse d’étude et part en 1950 à Paris, à l’incitation de son ami, le peintre vénézuélien Alejandro Otero.
Il y retrouve certains de ses compatriotes dont notamment les membres de Los Disidentes et assiste aux conférences de Léon Degand à l’atelier d’Art Abstrait.
Très tôt, il expose au Salon des Réalités Nouvelles et fait la connaissance de : Iris Clert, Denise René, Vasarely, mais aussi Yves Klein, Jean Tinguely, Pol Bury, Daniel Spoerri.
Il va contribuer à l’éclosion du mouvement cinétique,
en participant à l’exposition intitulée Le Mouvement en 1955 à la Galerie Denise René. Il participe également aux expositions du Groupe Zéro dont il partage la recherche de l’immatérialité.
Dès ses premières œuvres, Soto cherche à dépasser la représentation des formes géométriques bidimensionnelles pour introduire le mouvement grâce au procédé de la répétition.
En 1953, il explore la tridimensionnalité en superposant deux plaques peintes de plexiglas qui donnent l’impression de s’animer par le mouvement du spectateur.
Suivant ce procédé, Soto réalise en 1957 ses premières œuvres intitulées « Vibration »,
œuvres constituées d’un enchevêtrement de fils de métal, ou de matériaux trouvés dans la rue, posés sur une surface striée noire et blanche : la trame, créant ainsi un effet de moirage.
Radicalisant de manière systématique la trame comme support, il y superpose différents éléments, (tiges suspendues et mobiles, carrés de métal, ou encore ce qu’il appelle les Tes : petites pièces métalliques en forme de T), qui apparaissent et disparaissent au gré du mouvement du spectateur, laissant entrevoir un espace interstitiel : la vibration, l’oscillation du visible et de l’invisible, du matériel et de l’immatériel.
Le spectateur est au cœur de l’œuvre de Soto. En 1967 il réalise les premiers « Pénétrables », œuvres composées de tiges de métal ou de fils de nylon, suspendus dans l’espace.
Il invite le spectateur à y pénétrer et à se déplacer, à « être » dans l’œuvre, et percevoir ainsi la « matière–énergie » du monde.
Autrefois, le spectateur se situait comme un témoin extérieur de la réalité. Aujourd’hui, nous savons bien que l’homme n’est pas d’un côté et le monde de l’autre. Nous ne sommes pas des observateurs mais des parties constituantes d’une réalité que nous savons toute grouillante de forces vives dont beaucoup sont invisibles. Nous sommes dans le monde comme des poissons dans l’eau : sans recul face à la matière-énergie ; DEDANS et non EN FACE : il n’y a plus de spectateurs : il n’y a que des participants.
Soto cité par Jean Clay, « Les Pénétrables de Soto », Robho, n°3, Paris, 1968
En 1968 Soto réalise ses premières expositions rétrospectives à la Kunsthalle de Berne, puis au Stedelijk Museum d’Amsterdam et
au Musée de la Ville de Paris en 1969 ou encore au Musée Guggenheim de New York en 1974 et en 1983 au Museo de Arte Contemporáneo de Caracas.
Recevant de nombreuses commandes publiques internationales, il réalise des œuvres monumentales, inscrivant son œuvre dans l’espace et l’architecture :
UNESCO, Paris, 1969 ; Théâtre Teresa Carreño, Caracas, 1972 ; Hall de la régie Renault, Paris, 1975 ; Royal Bank of Canada in Toronto, 1977 ; Centro Banaven, Caracas, 1979 ; Centre Pompidou, Paris, 1987.
En 1973, Soto construit avec son ami architecte Carlos Raúl Villanueva, un musée dans sa ville natale de Ciudad Bolívar. Il y présente une importante collection d’œuvres géométriques et cinétiques, qu’il a constituée tout au long de sa vie. Le musée présente également nombre de ses œuvres majeures.
Son œuvre a suscité de nombreuses rétrospectives,
notamment en 1997 au Musée du Jeu de Paume, à Paris et en itinérance pendant plusieurs années; en 1998 au Centro Cultural del Conde Duque à Madrid; en 2005 lors d’une grande exposition rétrospective itinérante Visión en movimiento au Museo Tamayo, Mexique, Fondation Proa, Argentine et à la Galleria d’Arte Moderna e Contemporanea, Bergame, Italie.
Ses œuvres ont également été présentées en 2015 à la galerie Perrotin à Paris et à New York, au Musée Soulages de Rodez en 2015, et à la Galerie Hauser & Wirth à New York et au Guggenheim Bilbao en 2019.
À sa mort en 2005 à Paris, Soto avait d’ores et déjà reçu de nombreuses distinctions, dont entre autres le Prix National d’Arts Plastiques du Venezuela en 1984 et le Grand Prix National de la Sculpture en France en 1995.